Tuesday, May 29, 2007

Suicide ministériel

Grande nouvelle, Toshikatsu Matsuoka, ministre japonais en charge de l'agriculture, s'est suicidé à l'âge de 62 ans. Sur le point d'avoir à répondre de sa participation dans un scandale politico-financier devant le parlement, il s'est pendu dans son appartement. Bon c'est sur, ce n'est qu'un suicide de plus, rien de très étonnant au pays des kamikaze et du harakiri. Et puis je vous entends déjà me dire, petits Français empreints de chauvinisme, "nous maintenant on fait mieux, nos suicidés à nous ils se concertent pour sauter au même moment, c'est tellement plus cool". Outre qu'après avoir été très tendance, la synchronisation des montres est passée de mode depuis belle lurette au Japon, un ministre qui se suicide avouez que ca n'arrive pas tous les jours en France*. Imaginez-vous un Pasqua rongé par le remord qui se finirait une boite de somnifère ou Chirac effondré par la découverte de son compte secret au Japon, finissant ses jours au bout d'une corde?

Non, les interdits de notre culture judéo-chrétienne ne nous permettent malheureusement pas de tels comportements chevaleresques : avec 24,1 cas pour 100.000 habitants, le suicide est une notion essentiellement nippone. Evitant la honte par un ultime geste de noblesse, il y est même glorifié, ritualisé dans le cadre du seppuku (terme approprié pour harakiri). Bien sur, mauvaises langues que vous êtes, vous pensez que Toshikatsu n’a pas vraiment respecté le rituel en question, mais on est plus au temps des samurais et je suppose que ce sympathique ministre voulait tout simplement vivre avec son temps... La question de la douleur abdominale a du joué aussi, je vous l’accorde. Mais passons sur les détails techniques et focalisons-nous un peu sur l’énorme potentiel de ce suicide ministériel que nous appellerons plus prosaïquement autolyse de portefeuille. Tout d’abord - et je sais que vous ne me contredirez pas, amis Sarkozystes - ce serait un formidable outil pour mettre en place aisément la notion d’obligation de résultat chère à notre Président. De même, le problème du mérite pourrait être porté jusque dans les hautes sphères de l’Etat, mettant ainsi en cohérence toute cette récente politique de rupture. Ensuite, si l'autolyse de portefeuille était instauré, une nouvelle politique serait possible : un nouveau lien de confiance se créerait assurément entre le politique et le citoyen, redonnant à la démocratie ce nouveau souffle dont elle avait besoin après le choc du 22 Avril (SR qui passe la barre du second tour, personnellement j’ai manifesté : la vidéo ici). Enfin, adieu repentance et culpabilité collectives : en se donnant la mort, le ministre responsable de bévues (colonisation, esclavagisme, collaboration…) emporte avec lui sa faute et assume seul ses méfaits. Sans compter qu’on ne se paierait pas Roselyne Bachelot une deuxième fois et que Juppé n’aurait même pas envahit le Québec… Bref, que des avantages.

Si vous aussi avez été séduit par ce nouveau concept, signez la pétition « Avec l'autolyse de portefeuille, entrons dans l’espérance » bientôt dans votre boite mail.


*J'occulte ici volontairement le cas Bérégovoy car son suicide est plutôt suspect : un garde du corps qui se laisse désarmé par un vieux papy, et le regarde tranquillement tester le pistolet avant qu’il se tire une balle dans le crâne, moi ca me parait louche...

1 comment:

Anonymous said...

Eh bien je mourrai moins bête. Je sais maintenant ce qu'est le Seppuku, mieux l'"autolyse de portefeuille". Mais je cherche la pétition...;-))
La Reine mère