Wednesday, July 25, 2007

Jour de gloire

Après avoir survécu successivement à un typhon, un tremblement de terre et une explosion de centrale nucléaire, me voici de retour pour vous conter mes formidables exploits.
La fête nationale (oui je sais je retarde un peu) est toujours une journée de grande émotion pour moi. Chaque année, me laissant aller dans la tiédeur d'une douce fierté patriotique, je m'imagine, l'espace d'un jour, prenant la Bastille à coup de faux et de fourche.
Ce 14 juillet revêtait un caractère spécial car le premier sous le règne de notre bon Nicolas et de la rupture à tout va. Pourtant, à 10000km de paris, l'impressionnante énergie de notre bon Président n'ayant pas encore fait ses ravages, point de défilé glorieux paneuropéen, de feu d'artifice éclatant à la gloire de Cécilia ou de jardin élyséen remplis de victimes d'un jour, mais juste un buffet patriote à l'Ambassade de France. La dite ambassade se complaisant encore et toujours dans le faste des années Chirac, il me fallait enfiler ma plus belle tenue afin d'être en adéquation avec le luxe de la réception: sandales en cuir et plastique de première main, jean bleu azuré de marque française et chemise colorée offerte par l'ami Romuald, Ivoirien de son état, histoire de nous remémorer nos colonies perdues.
Me présentant à la résidence de l'Ambassadeur, le gendarme de service, charmant au demeurant et formidablement mis en valeur par son uniforme, m'indiqua que mon travestissement en colon nostalgique seyait peu au standing de la maison. La larme à l'oeil et le sourire enjôleur, je lui décris alors la grandeur passée de la France et lui expliqua qu'il ne pouvait décemment pas refouler un arrière petit fils d'esclavagiste de cette petite sauterie nationale. Ému par mon histoire, il me laissa aller serrer la main de l'Ambassadeur, passage obligé pour atteindre les mets raffinés et liqueurs enivrantes qui m'attendaient. Les mains moites et les zygomatiques mal rasés, je frottai donc ma paume contre celle du haut fonctionnaire et de sa femme, ignorant leur moue pincée à la vue de mes pieds velus.
Enfin arrivé dans le saint des saints, je fus tout d'abord troublé par la myriade de plats nationaux et bouteilles de notre terroir chéri qui remplissaient entièrement les appartements de Mr l'Ambassadeur: cassoulet, poulet rôti, pâtés, rillettes, saucissons sec , saucisses, rosette, terrines de poisson, ratatouille ne demandaient qu'à rencontrer dans un concert de saveurs Mouton-Cadet, Médoc, Sauternes ou Chardonnay. Mon élan patriotique prenant de l'ampleur je me décidai donc à goûter méticuleusement chaque plat accompagné du vin approprié. Devant l'ampleur de la tache je dus pourtant m'arrêter en chemin car il me fallait garder quelques forces pour mon bouquet final, la table des fromages. Accompagné du seul Médoc j'entreprenais, au péril de ma vie et de mon foie, d'engloutir trois vagues successives d'assortiments complets: à chaque fois comté, vieille mimolette, sainte maure et cantal chatouillaient mes papilles, brie de Meaux, camembert et époisse prenaient alors d'assaut mon palais dans un fracas gustatif, venaient enfin les saint agur, roquefort et autres bleus d'Auvergne pour achever de me satisfaire.
Alors que l'atmosphère de la réception ainsi que mon abdomen accusaient quelques lourdeurs, Mr l'Ambassadeur commença un discours dont je vous épargnerai les détails, avant de donner le départ de la Marseillaise. Me rappelant mes années de conservatoire durant lesquelles ma moyenne de chant plafonnait à 6/20, j'entonnais l'hymne national si cher à
nos voisins Belges. Las, malgré ma ferveur, la voix sure et clair du colonel Bastard à ma droite, et celle, plus frêle, du père Bernard à ma gauche couvraient mes exploits sonores et il me fallut donc renoncer au profit d'une tarte au citron meringuée et d'un Ricard qui me tendaient leurs petits bras muscles.
Vous l'aurez compris cette fête nationale aura pour moi rimé avec douleurs stomacales, si bien qu'après quelques verres de Suze et deux ou trois macarons, moi et ma jaunisse nous retirâmes.

2 comments:

Tom² said...

Ben voilà, au lieu de te plaindre que tes visiteurs se battent en duel, postes plutôt des choses rigolotes; ça fera probablement plus pour régler le problème!

Anonymous said...

T'es pas né à midi dix pour rien.
LRM